Ma façon de sélectionner et de trier mes pigeons.
Un sujet très important à mes yeux !
Il existe plusieurs approches sur ce sujet.
Tout d’abord, la sélection que je nommerai ”naturelle”. Elle concerne avant tout les jeunes, ceux qui poussent mal, qui végètent, qui tombent malades alors que tous les autres se portent bien, ceux qui récupèrent mal lors des premiers entraînements ou concours un peu plus difficiles que les autres. Ces sujets sont systématiquement exclus. A noter que, concernant les concours de jeunes, le résultat n’a que peu d’importance pour ma sélection. Même si j’apprécie un bon résultat, je préfère un jeune pigeon qui revient loin des prix, qui a cherché sa route, mais qui récupère très vite plutôt qu’un jeune qui rentre en tête du concours les ailes ballantes et qui met du temps à se remettre de ses efforts.
Concernant les pigeons plus agés, et ce point est indéniable pour tous les colombophiles qui souhaitent apparaître dans les résultats, la sélection du panier comme on dit couramment est indiscutable. Tout colombophile qui se respecte, veut faire des résultats et c’est le seul point qui compte à la fin. Bien entendu, de nombreux critères entrent en compte pour y arriver, le colombier, la qualité des pigeons, les soins mais aussi l’amateur lui même. Je ne m’étalerai pas sur ces derniers points car ils feront partie d’un autre thème.
En ce qui me concerne, j’ajouterai le tri à la main, surtout chez les jeunes. Chez moi, un pigeon qui n’est pas conforme à ce que je recherche est bien souvent mis de coté. Souvent, avant même d’avoir participé au moindre concours. J’ai régulièrement entendu dire que j’étais beaucoup trop sévère dans ma sélection. C’est certainement vrai, mais j’y ai trouvé quelques avantages et ceci pour plusieurs raisons.
Tout d’abord, parce que j’aime, lorsque je prends un pigeon en main dans mon colombier, passer un moment agréable en le manipulant et en essayant de détecter en lui la morphologie la plus proche possible du pigeon capable de voler les grandes distances. Cela peut paraître prétentieux mais j’ai eu la chance de posséder quelques bons pigeons, mais aussi, d’avoir en main d’excellents sujets dans de nombreux colombiers. Je faisais parfois, à une époque, plusieurs centaines de kilomètres pour voir les pigeons de très bons amateurs. Pour moi une chose est claire, un beau pigeon n’est pas forcément bon, mais j’ai rarement vu un très bon pigeon, notamment de grand fond, dénué de toutes qualités en main. Ceci dit, cela dépend aussi de ce que l’on recherche et ce que l’on entend par ”beau pigeon”. En ce point, je ne recherche pas le pigeon ”standard sport” tel qu’il est classé dans les expositions. Je ne critique toutefois pas celles-ci car j’ai moi même participé, il y a quelques années, à ce type de manifestations dans lesquelles j’ai obtenu de nombreux prix de tête. Je parle de la période où ces réunions rassemblaient 800 ou 900 pigeons au cours desquelles tous les très bons amateurs sportifs de la région se regroupaient. Les trieurs de ces expositions étaient souvent choisis parmi les très bons joueurs de la région…. J’ai d’ailleurs eu plusieurs pigeons, notamment des femelles, sélectionnés dans cette catégorie aux Olympiades en Afrique du Sud puis en France en 2003 (Liévin). Juste une remarque concernant ces sélections, il est demandé un certain nombre de Kim/prix pour prétendre représenter son pays. En fait, mon tri découle nettement de la méthode ”Alaire”. Toutefois, à mon avis, l’aile n’est qu’une partie du pigeon. Je ne garde pas un pigeon qui n’est pas solide, par rapport à sa morphologie. Je n’aime pas les fourches écartées, un pigeon qui s’écrase à la pression, .. par contre, la vitalité est importante, de même que la légèreté. Bien que n’étant pas un fin connaisseur dans ce domaine, l’œil a son importance.
J’ai trié pendant des années selon la méthode ”Alaire” dans des expositions et dans de nombreux colombiers. Je ne suis toutefois pas un théoricien de cette façon de sélectionner. Je me suis même fait violence pour lire une fois le livre de René Bawin. Je pense juste que les amateurs de grand fond trient bien souvent chez eux selon cette méthode sans même le savoir. C’était d’ailleurs mon cas avant de rencontrer des trieurs ”professionnels”. Ma façon de voir les choses découlait simplement de mes visites chez de très bons colombophiles au vu de leurs résultats plutôt que d’une théorie. C’est donc pour cette raison que je pense qu’il est préférable de se rapprocher d’un colombophile ayant de très bons résultats depuis des années pour avoir un avis. Il sait ce qu’un bon pigeon doit posséder pour voler plusieurs centaines de kilomètres, mais il sait également comment essayer de se maintenir à un niveau correct sportivement. Bien souvent, il vous donnera quelques conseils et vous passerez quelques heures à discuter ”pigeons”. Et puis, tout simplement, lorsque nous souhaitons renforcer notre colonie, nous nous rendons chez des colombophiles obtenant de bons résultats. Pourquoi n’en serait il pas de même pour le tri ?
Petite remarque, à part lors de mes 2 ou 3 premières années de colombophile, soit au début des années 80, j’ai toujours trié et accouplé moi même ma colonie.
L’autre raison pour laquelle je pense que le tri à la main est un point positif à mes yeux, c’est que j’arrive beaucoup plus facilement à limiter l’importance de ma colonie. Je me suis imposé de passer l’hiver avec une moyenne de 110 pigeons, reproducteurs compris. J’ai 9 casiers dans le colombier de reproduction. Ensuite pratiquement tous sont joués, mâles et femelles.
Chacun doit adapter sa colonie à ses moyens pour la suivre sérieusement. Financièrement bien sur, car notre passion, comme beaucoup d’autres d’ailleurs, demande un minimum de budget pour assurer des soins et une nourriture de qualité. A ce point, il faut ajouter les enlogements, les kilomètres/voiture … Le temps dont nous disposons pour soigner nos volatiles est également un critère non négligeable. C’est surtout à partir de ce dernier point que j’essaye de m’imposer cette ligne de conduite. Ayant repris le jeu au naturel pour jouer les concours internationaux, cela demande un peu de temps, de calcul pour les positions de nid, de donner la nourriture à la case et aussi beaucoup d’observation. Je pense que je dois avoir un nombre limité de pigeons pour pouvoir suivre au mieux chacun d’eux.
J’ai essayé en quelques lignes de vous exposer ma façon de trier et de sélectionner, tout en réaffirmant que le résultat au panier reste le principal critère de mon tri de fin de saison, c’est logique. Il est vrai qu’en pratiquant de la sorte j’ai certainement évincé quelques très bons pigeons, mais cela m’a peut-être permis de mieux suivre chacun d’eux. Cette méthode n’est peut-être pas parfaite ni peut-être la meilleure, mais elle m’a permis à plusieurs reprises dans mon parcours colombophile de rebondir. Après chaque interruption, soit pour des raisons professionnelles, soit par intérêt pour une autre activité, d’obtenir à nouveau des résultats acceptables. Bien entendu, comme je l’ai écris plus haut, le tri n’est rien si vous n’avez pas les pigeons, le colombier, la méthode et surtout un minimum de temps pour prendre soin de vos athlètes.